Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
En toute liberté
10 novembre 2006

L'école est finie !!!

Youpiiiiiii !!!!!! Trois jours, j'ai trois jours rien qu'à moi ! Moi avec moi, moi au clavier, moi perdu dans mes pensées, obsédé par un mot rebelle. Finis les cours, je les ai lâchés plus tôt, après une interro, les pauvres. Leur faire ça un vendredi... Ils ont bien essayé de négocier :

- M'sieur, on pourrait pas la faire la semaine prochaîne ?

Pas de réponse. J'ai bien entendu mais je fais semblant de rien. M'sieuuuur plaintif :

- M'sieuuur, ça serait bien vendredi prochain, on serait plus prêts, personne a eu le temps de réviser.

J'entends toujours rien et je continue à distribuer l'interro.

- Maaaaaais on nous l'a dit trop tard !

- Voyez Agnès.

C'est tout ce que j'ai trouvé. A désigner à leur vindicte guerrière une proie facile, la responsable de la banane qu'ils vont prendre, aussi sûr que deux et deux font quatre.

- Elle nous l'a pas dit !

Agnès rouge, tête baissée, observe les petites taches sur la table qu'elle n'avait pas jamais vu aussi bien.

- M'sieeuuuuur, c'est pas juste...

A ce stade de la conversation, je dois te dire qu'ils ont tous plus de 18 ans. Mais guère plus.

- M'sieur ! C'est pas possible, j'ai pas ma calculette ! Pouvez pas nous faire ça aujourd'hui ?!!

Et c'est qu'elle y croirait ! Qu'est-ce qu'elle m'a fait rire à l'intérieur :

- Non.

Je tâte l'écho et trouve mon non aussi ferme et définitif que possible devant la mutinerie qui gagne tous les rangs, y compris les deux studieuses obligées de rentrer dans la danse sous peine de représailles.

- Allez, c'est simple, je vous jure, y a pas de piège,

Des fois j'arrive à parler comme eux,

- On y va et dès que vous avez fini vous êtes libres.

- Non ????

Pas le genre du bahut. A priori je suis le seul à me foutre des horaires établis, comme le nourisson du compte en banque que mamie a ouvert exprès.

- Si.

- Mais vraiment, dès qu'on a fini ? me demande le cancre de la classe qui se voit déjà sortir dans les deux minutes qui suivent, à peine plus histoire de rester poli.

- Si.

Je fais souvent court. D'abord parce que leur attention est aussi limitée que celle d'un chimpanzé. Voire moins. J'ai calculé que je ne devais pas dépasser trois, voire deux, phrases à la fois si je voulais avoir une chance de graver dans leur petit cerveau tout ce que j'ai à y mettre pour en faire de bons professionnels. Et puis parce qu'il faut savoir être concis quand on veut être obéi. Jamais de justification, surtout pas, bonjour les débâts, et le plus juste possible, telle est ma vision de mon boulot. Je fais, j'affirme, si possible des trucs vrais et utiles, sans distinction ni favoritisme, et en oubliant personne. ... Fou comme il y en a qui disparaissent... Si. Des étudiantes que je ne vois pas pendant tout un cours tant elles ont l'art de s'effacer, de se camoufler, d'être partout ailleurs, dans les magasins ou avec le fiancé du jour, autre part qu'en cours. Histoire d'éviter que je les questionne, ou la gêne de devoir parler devant tout le monde. Là, je comprends. Une classe c'est comme au théâtre. J'ai ma scène, mon public, que je dois tenir en haleine jusqu'à quatre heures durant. Quatre heures ! Si on ne l'a jamais fait, on a du mal à se représenter ce que c'est quatre heures à essayer de captiver la salle, de ne pas perdre leur attention. C'est épuisant. Et la partie impro est colossale. Je commence avec les grandes lignes, très grandes, parfois un mot, j'aime me foutre la trouille, et vogue la galère jusqu'à la sonnerie de l'entracte. Pas facile de voir tout son public dans ces conditions. On en a parlé à midi d'ailleurs, entre profs, à la cafetéria, pas terrible aujourd'hui. Et nous sommes tous tombés d'accord là-dessus : c'est très dur à repérer un étudiant qui s'efface. Tu m'étonnes, il fait tout pour disparaître ! Jamais vu un gibier pareil. Même avec un satellite, j'suis pas sûr qu'on le trouverait. Tout ça pour dire :

- Vraiment ?

- Oui, pourquoi ?

J'adore ça. Ils me disent à chaque fois que c'est pas possible avec les autres profs, que ça s'est jamais fait, que c'est trop super. Ce qui me fait automatiquement redouter quelque part les remontrances du proviseur que je contre en dénombrant le nombre d'heures sup qu'ils me doivent, et que c'est comme ça, c'est pas l'horloge qui compte mais ce qui est rentré dans leurs cranes.

L'école est finie !!!!!!!!! Et j'en parle encore...

Publicité
Publicité
Commentaires
N
Tu as les grands, moi les petits... Sachant qu'un petit de 4 ans change d'activité toutes les 10 min à peu près... ça fait pas mal de trucs à prévoir aussi pour renouveler leur intérêt! Bon, bien sûr rien de comparable avec ta course d'endurance... Et quand l'école est finie... j'en parle encore aussi! Pfff! décidément on est irrécupérable! ;o))
Q
Il ne m'a pas l'air très sympa le blogueur ici ...
En toute liberté
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité